Première année 2014 du PCR VEINAR
Verres Incolores de l’Antiquité romaine en Gaule et aux marges de la Gaule
Le projet VEINAR Verres incolores de l’Antiquité romaine en Gaule est né en 2013 au sein de l’Association française pour l’Archéologie du verre et s’est transformé en 2014 en PCR. Coordonné par D. Foy, il comprend une vingtaine de chercheurs.
Membres du PCR : Y.-M. Adrian (INRAP), A. Colombier (post doctorante), D. Foy (CNRS), B. Gratuze (CNRS), M. Guérit (Inrap), F. Labaune (Inrap), A. Louis (Inrap), Ch. Martin-Pruvot (archéologue, Avenches), M.-T. Marty (CNRS), Cl. Massart (Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles), Cl. Munier (Service municipal d’Archéologie Préventive de Besançon), N. Nin (Direction Archéologie, Aix-en-Provence) St. Raux (Inrap), L. Robin (EVEHA), J. Roussel-Ode (chercheur associé UMR 7299), L. Simon (Inrap).
Avec les collaborations de H. Alfonsi, V. Arveiller, S. Cottam, M. Cruciani, B. Grosjean, D. Simon-Hiernard, N. Vanpeene.
Objectifs
Le verre incolore (volontairement décoloré) est connu depuis l’époque hellénistique mais à partir de l’extrême fin du Ier siècle il prend de plus en plus d’importance et devient prépondérant aux IIe et IIIe siècle. De toute la verrerie gallo-romaine, cette catégorie de mobilier qui comprend de très nombreuses formes, soufflées et moulées, décorées ou non, reste pourtant la moins bien connue. Seules les formes principales apparaissent dans les typologies de référence et les datations demeurent souvent imprécises.
Le projet VEINAR vise, sur 3 ans, à regrouper une documentation bien datée pour établir une typo-chronologie. Le cadre géographique envisagé est l’ensemble de la Gaule. Il a pour objectif la réalisation d’un ouvrage collectif dans lequel archéologues et étudiants trouveraient regroupées l’ensemble des problématiques inhérentes au verre incolore utilisé entre la fin du Ier siècle et le début du IVe siècle, une documentation bien datée et localisée et une typo-chronologie. L’ouvrage envisagé pour 2016-2017 se présentera en deux grandes parties : la première regroupera environ 150 assemblages de verres comprenant du mobilier incolore et provenant de contextes divers, mais bien définis. Ils seront classés par régions. Dans la seconde partie, une typologie présentée dans l’ordre chronologique rassemblera un minimum de 300 formes bien détaillées et illustrées. Les analyses chimiques contribueront à l’élaboration de la typologie. Des cartes de répartition permettront d’avancer des hypothèses sérieuses pour localiser les régions productrices et dessiner les réseaux de distribution ; sous une homogénéité apparente, des faciès régionaux existent. Pour atteindre ces objectifs, de nombreuses enquêtes s’imposent (principalement études de mobilier et recherches bibliographiques).
Bilan de la Ière année 2014
Les assemblages sélectionnés
Durant cette première année du PCR tous les efforts ont été consacrés à l’élaboration des notices des contextes renfermant des assemblages de verres incolores. Un assemblage est un ensemble de verres comprenant au moins 2 pièces incolores, provenant d’un même contexte. Trois réunions de travail ont eu lieu à Lyon Maison de l’Orient Méditerranéen) le 11 mars, à Aix-en-Provence (Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme) le 11 septembre et à Paris (Centre du Centre, Musée des Arts Décoratifs) le 20 novembre.
Ces notices concises mais très illustrées doivent constituer la première partie de l’ouvrage. 138 notices ont été rédigées selon le même modèle : présentation rapide du site et du contexte en insistant sur les éléments de datation et la fiabilité de l’homogénéité du contexte. La proportion des verres incolores est clairement indiquée. Suit un inventaire rapide des verres colorés, puis de « teinte naturelle » (bleu-vert ou bleutés) et enfin des verres incolores qui sont presque tous systématiquement illustrés. Les formes identifiées recevront un n° qui reverra à la seconde partie de l’ouvrage constituée par la typologie du verre incolore. Ultérieurement il conviendra de reprendre ces assemblages pour les renvois à la typologie. Un texte introductif et synthétique justifiant le choix des assemblages, établissant des parallèles entre assemblages et mettant en exergue les formes spécifiques d’une période sera rédigé.
À la fin de l’année 2014, la première étape celle du choix des contextes et de la première rédaction des assemblages de verres des contextes est achevée. Un bilan de ce travail peut être dressé.
Répartition géographique
Bien que les enquêtes aient été étendues à l’ensemble de la Gaule toutes les aires géographiques ne sont pas pareillement concernées. Certaines régions, en particulier la Bretagne, les Pays de Loire et le Centre, ne sont pas représentées. Le mobilier étudié vient principalement du nord (région 1 : 25 contextes étudiés) et de l’est de la Gaule (région 2 : 25 contextes étudiés) ainsi que du grand sud est de la France et la Corse où travaillent sept membres de l’équipe (région 3 : 77 contextes étudiés. La région 4 ne touche qu’une partie de l’ouest de La France (10 contextes dans cette zone de superficie plus réduite)
Nature des contextes
Les assemblages les plus fiables sont ceux qui émanent de contextes clos. On a cependant évité de sur représenter les ensembles funéraires qui atteignent 42% des l’ensemble ; irrégulièrement répartis, ils sont principalement dans les régions 1 et 4. Les dépotoirs en milieu ouvert ou clos (comblement de fosses, de puits, de canalisations, de fontaine et de latrines) sont majoritairement situés dans les régions 2 et 3. Certains ont été bien identifiés : restes de banquets, déchets provenant de cuisine d’une communauté, dépotoirs domestiques, dépotoirs portuaires. Les niveaux de destruction, de remblai ou d’abandon et les sols d’occupation sont moins nombreux mais parfois très précisément datés. Outre les contextes domestiques, on distingue ceux qui sont liés à un sanctuaire, à des thermes ou à des activités artisanales. Les contextes de transit : dépotoirs portuaires et épaves sont également pris en compte, mais nous n’avons pas de boutiques. L’homogénéité des contextes d’où viennent les assemblages est plus ou moins parfaite ; ce sont évidemment les contextes clos qui semblent les plus « fiables ». Les contextes fouillés anciennement et dont le mobilier céramique n‘a pas été étudié sont les plus problématiques ; le degré de fiabilité de leur « unité » est toujours clairement exposé.
Répartition chronologique
Les bornes chronologiques sont le milieu du Ier siècle ap. J.-C. et le début du IVe siècle. À l’époque augustéenne, et durant la majeure partie du Ier siècle ap. J.-C., le verre incolore ne représente qu’une part minime des productions, mais à partir du règne de Trajan il prend de plus en plus d’importance et devient prépondérant aux IIe et IIIe siècle. Ce changement s’explique principalement par une évolution des goûts : ce penchant pour le verre incolore est la volonté de la mise en valeur de la qualité essentielle du matériau verre : la transparence, que nul autre matériau n’égale en dehors du cristal de roche très onéreux. Ce verre incolore n’est pas réservé aux pièces exceptionnelles : il est principalement utilisé dans la vaisselle de table, soufflée ou moulée, décorée ou non, mais affecte aussi, dans des proportions moindres, les contenants de faible ou de grande capacité. La diffusion généralisée de la vaisselle incolore et transparente, s’accompagne d’un renouvellement et d’une multiplication des formes touchant à la fois au répertoire des objets simples et au catalogue des pièces sophistiquées.
Étudier cette catégorie de verre revient à étudier l’essentiel de la vaisselle de table en usage durant les IIe et IIIe siècles. Les contenants destinés au transport ou à la conservation des denrées demeurent en verre épais, d’aspect bleu-vert. Nous avons essayé de sélectionner des contextes variés pouvant illustrer une longue période, mais les assemblages qui dominent sont compris entre la fin du IIe et le courant du IIIe siècle, ce qui reflète en fait l’époque de prédilection de ce verre.
Les assemblages les plus précoces, ceux qui se situent à la fin Ier ou dans la première moitié IIe siècle sont assez peu nombreux. L’essentiel de ces verres sont dans des contextes datés entre le dernier tiers du IIe et le dernier quart du IIIe siècle. On notera que quelques ensembles sont très précisément datés à quelques années près : c’est le cas de trois niveaux d’incendie du IIIe siècle et de l’épave de Porticcio dont la cargaison comprend la statuaire représentant la famille impériale de Philippe l’Arabe et des amphores très variées. Une trentaine de contextes sont datés au quart ou au tiers de siècle près.
Fin Ier-Ière moitié IIe s | 19 |
2ème moitié IIe s. | 28 |
Fin IIe-début IIIe s | 34 |
1ère moitié IIIe s | 28 |
2ème moitié IIIe s. | 12 |
Courant IIIe s | 12 |
Fin IIIe-début IVe s | 5 |
Mobilier publié et inédit des fouilles anciennes et récentes
Une petite partie des notices reprend des publications antérieures sans grandes modifications. La documentation est ici reclassée et regroupée. Une quarantaine de notices sont réservées à la publication de mobilier anciennement découvert et très partiellement publié. C’est l’occasion de reprendre l’étude de mobilier souvent prestigieux, de regrouper des publications éparses, parfois confidentielles et difficilement accessibles et d’en faire la critique en remontant aux premières sources. Cette documentation souvent oubliée est ainsi revisitée (reconstitution des assemblages par contextes, comptage repris, dessins refaits) ; elle sera mise à la disposition de tous les chercheurs. C’est le cas des services de verreries découverts au XIXe s. dans une douzaine de tumuli en Belgique ou encore dans les tombes les plus riches de Bouillé-Courdault en Vendée. Les deux tiers des notices présentent du mobilier inédit, provenant à la fois de trouvailles anciennes et de travaux récents. Le projet VEINAR donne l’opportunité de s’intéresser au mobilier de fouilles anciennes et souvent de grande envergure, laissé en souffrance dans des dépôts de fouilles. L’étude de cette documentation totalement inédite a soulevé beaucoup de difficultés (pièces disparues ou d’origine incertaine ; stratigraphie difficile ou impossible à vérifier par l’absence ou la rareté des informations notées au moment de la fouille et surtout par le fait que le restant du mobilier, la céramique en particulier, n’a pas été étudié). Certains de ces lots de mobiliers apparaissent parfaitement homogènes, d’autres beaucoup moins. Malgré les incertitudes inhérentes à ce type de documentation, il a semblé utile de publier ce mobilier avec la prudence nécessaire. Les comptages et les dessins fiables pourront être réutilisés lorsque l’ensemble du contexte sera étudié. Ces sites anciennement fouillés et dont le mobilier n’était pas étudié, sont principalement dans la région 3. Le mobilier récemment exhumé (depuis 2000), inédit et pris en compte dans notre étude est le plus abondant et provient de nécropoles et d’habitats situés dans chacune des quatre régions.
Au total, 138 assemblages ont été sélectionnés ; 137 notices sont achevées, mais devront être harmonisées et complétées par les numéros de typologie correspondant aux verres identifiables. Les parentés entre les assemblages présentés seront également signalées. Nous ne prévoyons pas d’ajouter d’assemblages à la série déjà réunie sauf s’il s’agit d’un mobilier exceptionnel ou si le lieu de trouvaille se trouve dans une région peu ou pas représentée dans notre étude.
Liste des assemblages
Nord et Nord-Ouest
Haute-Normandie
Fontenay, Zac du Nerval
Isneauville
Houppeville, rue P. Langevin
Rouen, Place du Général de Gaulle
Sotteville-Lès-Rouen
Rouen, rue du Renard
Picardie
Beauvais, Faubourg Saint Jacques T.1939
Beauvais, Faubourg Saint Jacques T.1876
Beauvais, Ancien enclos des Capucins
Pas-de-Calais
Boulogne-sur-Mer
Belgique
Penteville
Walsbets
Omal
Herstal
Celles
Cortil-Noirmont
Tirlemont.3
Overhespen.3
Overhespen.2
Overhespen.1
Thorembais
Tirlemont.1
Île-de-France
Epiais-Rhus, nécropole, tombe 500
Epiais-Rhus, nécropole, tombe 437
Epiais-Rhus, nécropole, tombe 265
Nord-est de la Gaule
Champagne-Ardennes
Arcis-sur-Aube. Route de Troyes, nécropole, T. 113
Arcis-sur-Aube. Route de Troyes, nécropole, T. 125
Le Châtelet-sur-Retourne. Contexte clos (coffret dans tombe)
Lavau, Les petites Corvées, T. 32d
Saint-Memmie
Reims-Porte Bazee (sol d’occupation)
Reims rue Sarrail
Lorraine
Pontpierre-Kelsborn 11
Pontpierre-Almer 1
Pontpierre-Almer 8
Pontpierre-Almer 14
Pontpierre-Almer 24
Suisse
Avenches, nécropole des Tourbières, T. 30/39
Avenches, nécropole En-Chaplix, T. 50
Avenches, nécropole En-Chaplix, T. 323
Avenches, nécropole En-Chaplix, T. 342,
Avenches, Palais de Derrière la Tour. Fosses-dépotoir de banquet
Villa d’Orbe-Boscéar : remplissage canalisation
Franche-Comté
Besançon, ZAC Pasteur ; remplissage puisard 1225
Besançon, Le Refuge ; comblement d’une cave
Besançon, Zac Pasteur ; comblement fosse US 3356
Besançon, Zac Pasteur ; remplissage puits
Besançon, Zac Pasteur ; comblement fosse F 6553
Bourgogne
Autun, nécropole de Pont-l’Evêque. Inhumation 273.
Selongey, villa des Tuilettes
Sud et Sud-Est
Auvergne
Clermont Ferrand ZAC de Trémonteix ; sanctuaire
Clermont-Ferrand. Zac de Jaude Ouest 2 ; niveau de destruction d’un bâtiment
Rhône-Alpes
Lyon Îlot central rue de l’Antiquaille US 915
Lyon place des Célestins, remblai
Lyon, Rue des Farges, dépotoir B20
Lyon, Rue des Farges, dépotoir E4
Lyon, Place de Fourvière, dépotoir US 70
Lyon, Hôpital de Fourvière, comblement du bassin F 26
Lyon Le Kiosque, place Bellecour US 201
Lyon Place Bellecour, remblai de démolition US 201
Lyon, nécropole Champvert, fosse-bûcher 2060
Basse vallée du Rhône
Apt, nécropole Saint-Lazare, T. 27
Apt, nécropole Saint-Lazare, T. 25
Apt, nécropole Saint-Lazare, T. 28
Orange, La Brunette, couche de destruction US 301
Valréas, nécropole Grand Champ, T. 8
Avignon Ste Anne, dépotoir
Alba, comblement d’un caniveau 856
Alba, comblement d’un caniveau 994
Orange-Brunette, comblement d’égout, US 289
Orange-St Florent, comblement latrines, US 514
Orange-Mas des thermes, abandon d’un atelier d’un tailleur d’os
Littoral provençal et Corse
Nice-Cimiez, nécropole de Torre di Cimela T 18
Toulon-Besagne, S22, US 92.07, sol
Cavalaire (Var) Ch de Gaulle sol 1306
Toulon-Besagne S22, US 54.05, sol
Toulon-Besagne S22, US 46.10 comblement d’un puits
Toulon-Besagne, S27, US 604, comblement d’une fosse
Cavalaire-Charles de Gaulle, sol 501
Toulon-Besagne S22, US 55.05 et 55.02, comblement d’une fosse
Toulon- Mayol, US 660-661-662
Toulon-Besagne S. 22 US 07.01
Toulon-Besagne S. 55 US 600,
Fréjus, Ilôt Camelin : dépotoir
Le Brusc, Épave Ouest Embiez 1
Grosseto-Prugna, Épave Porticcio 1, Corse du Sud
Marseille
Marseille_Villeneuve-Bargemon_US 4396
Marseille Tunnel Major, US 4354 + 4362
Marseille Tunnel Major, US 7382
Marseille-La Bourse, épave, contexte 34
Marseille-La Bourse, niveau portuaire, contexte 35
Marseille-La Bourse, comblement du Bassin d’eau douce
Marseille Jules Verne US 125-116
Marseille Jules Verne US 181
Marseille Jules Verne US 107
Marseille Jules Verne US 103
Marseille Jules Verne US 179
Marseille Jules Verne US 112
Marseille Jules Verne US 183
Marseille Jules Verne US 98
Marseille Jules Verne US 85
Marseille Jules Verne US 93
Marseille Jules Verne US 100
Marseille Jules Verne US 82
Marseille Jules Verne US 99
Marseille Jules Verne US 97
Marseille Jules Verne US 73
Marseille Jules Verne US 44
Marseille Jules Verne US 150
Marseille Jules Verne US 216
Aix-en-Provence, Vernègues, Arles
Aix-en-Provence, atelier de verrier du parking Signoret
Aix-en-Provence, Palais Monclar, remplissage caniveau
Aix-en-Provence, Notre-Dame de la Merci, remblai
Vernègues, atelier de verrier
Arles, comblement des crypto portiques
Arles, nécropole de l’IRPA, T. 1160
Languedoc-Roussillon
Nîmes Carmes, dépotoir us 4146 et 4082/4128
Narbonne, puits 21
Nîmes, rue Condé, dépotoir US 1107 + 1113
Murviel-Lès-Montpellier, Le Castellas dépotoir
Villeneuve-de-la-Raho Mas Sauvy, comblement d’une fosse
Pézénas-Auribelle, comblement de fosse
Nîmes, rue Condé, dépotoir
Narbonne, puits 21
La Serpent (Aude) nécropole, T3
Toulouse
Toulouse, François Verdier, fosse bucher 84
126 Toulouse, François Verdier, fosse bucher 89
Ouest, Poitou-Charente
Nanteuil-en-Vallée, la Grande Gémarie, tombe
Saint-Médard-des Près, tombe
Barzan, comblement du puits PT 25055
Houmeau, nécropole, T 5081
Houmeau, nécropole, T 5082
Houmeau, nécropole, T 5058
Bouillé-Courdault, nécropole, T 1
Bouillé-Courdault, nécropole, T10
Poitiers, nécropole des Dunes, T 172
Naintré, tombe d’une fillette (rédaction en cours)
Les analyses chimiques : état de la recherche
Le chapitre envisagé sur les analyses chimiques vise à la constitution de groupes de composition que l’on mettra en regard des types morphologiques. Durant cette première année nous avons sélectionné les échantillons et fait le point sur les analyses déjà réalisées et utilisables. Bernard Gratuze s’est chargé des analyses, mais l’exploitation de ces résultats ne se fera qu’en 2015. On a cependant déjà obtenu quelques résultats.
Sélection des échantillons
Les échantillons ont été choisis pour illustrer les formes les plus fréquentes afin de voir si certaines ont une composition spécifique et pour essayer de détecter une possible évolution chronologique. Des échantillons provenant d’un même contexte de consommation ou de production ou funéraire ont été également sélectionnés. A ce lot s’ajoute un certain nombre d’analyses déjà réalisées et publiées. Il s’agit principalement du verre appartenant à la cargaison de l’épave des Embiez au large de la presque île de Porquerolles, mais aussi de séries d’assiettes moulées, de bols et de diverses formes de verres à boire des IIe et IIIe siècle ainsi que du mobilier plus ancien daté de la fin du Ier siècle et du début du IIe siècle. On disposera également de nouvelles analyses faites sur les déchets de fabrication ou le verre brut provenant principalement de trois ateliers : atelier de Signoret à Aix-en-Provence (fin IIe-début IIIe s.), atelier de Vernègues (Bouches-du-Rhône, situé dans la cité antique d’Aix-en-Provence ; fin IIe-début IIIe) ; ateliers du Pègue (Drôme, à dater). L’étude portera donc sur au moins 400 échantillons (les résultats des analyses anciennement réalisées ne pourront peut-être pas tous être pris en compte car beaucoup moins d’éléments traces ont été recherchés lors des premiers travaux).
Les échantillons viennent de divers sites. Certains font partie des assemblages sélectionnés, d’autres sont issus des mêmes sites mais de contextes différents ; d’autres encore ont été collectés sur des sites gaulois ou hors du territoire de la Gaule, mais ils correspondent le plus souvent à des formes présentes en Gaule.
Premier résultats
Bien que toutes les analyses n’aient pu encore être exploitées, quelques résultats apparaissent.
– Les verres décolorés par l’emploi de manganèse seul ne représentent qu’une petite dizaine d’échantillons.
– Un certain nombre de formes sont décolorées uniquement par ajout de manganèse. Il s’agit des séries d’assiettes soufflées et datées entre l’extrême fin du Ier siècle ap. J.-C. et le courant du IIe siècle et des unguentaria, à l’exception de la forme Trier 74.
– La moitié des échantillons est constituée majoritairement de verre décoloré à la fois par l’antimoine et le manganèse (verres mixtes obtenus par mélange de verre décoloré à l’antimoine et de verre décoloré au manganèse).
– Les verres précoces Isings 21 (taillés ou non décorés), les skyphoi, les assiettes moulées taillées sont décolorés par ajout de l’antimoine comme un grand nombre de pièces incolores, mais certains se distinguent par la présence d’une teneur inhabituelle de plomb. Il ne semble pas que ce plomb ait été volontairement ajouté pour donner de l’éclat à la matière ; il est probablement lié à l’antimoine.
– un groupe de verres incolores décolorés à l’antimoine se distinguent par un taux de zirconium inhabituel et des teneurs plus élevées d’alumine, de chaux ; il semble correspondre à une production particulière.
L’antimoine est donc un décolorant utilisé dans des compositions de verre d’origine diverse. Les verres hellénistiques déjà décolorés à l’antimoine se distinguent des productions des IIe-IIIe siècle et au sein de celles-ci, il existe sans doute plusieurs groupes.
La typologie
L’élaboration des fiches typologiques qui constituent le second volet de l’étude commencera en 2015. L’équipe chargée de l’étude est beaucoup plus restreinte que celle qui a participé à la préparation des notices d’assemblages. Aujourd’hui elle est composée de A. Colombier, D. Foy, B. Gratuze, F. Labaune, A. Louis, M. Guérit, M.-T. Marty, C. Massart, C. Martin-Pruvot, C. Munier, S. Raux, L. Robin, J. Roussel-Ode, L. Simon. Ce travail, beaucoup complexe que celui de la première phase, nécessite de nombreuses recherches bibliographiques car la typologie doit reposer sur une documentation plus large que celle qui est concentrée dans les fiches d’assemblages. Lors de la réunion du 11 septembre 2014, le travail a été en partie distribué et une fiche type a été établie. 300 à 350 formes et variantes devraient être traitées et on espère l’an prochain pouvoir réaliser un tiers de la tâche.